(Tout part d’un bon sentiment…)
Parce que c’est un sujet qui me tient à cœur, parce que c’est difficile de savoir comment se positionner devant un proche qui a un cancer, j’en rajoute une couche ! Dans ce que j’entends, il y a le fond, et la forme :
- «Alors… vous faites quoi pendant ces vacances… j’imagine que enfin… vous allez pas trop bouger».
L’ami(e) pense : «je leur demande ce qu’ils font tout en étant empathique».
Je comprends : «mes pauvres, vos vacances sont à l’eau».
- «J’ai du mal à dormir depuis 2 semaines».
L’ami(e) pense : «voyez comme je me fais du souci pour vous, car vous m’êtes chers, ça prouve que je vous aime».
Je comprends : «j’ai besoin que vous me rassuriez, dites-moi quelque chose pour m’aider à aller mieux».
ami(e) – «Alors, ça va mieux? -ton inquiet-»
moi – «bah ça ira mieux l’année prochaine (eh, je viens juste de commencer la chimio!)»
ami(e) – «Mais les résultats des examens sont bons ?»
moi – «bah non ils sont mauvais, c’est pour ça que j’ai une chimio»
ami(e) – «mais, ça va aller ?»
moi – «oui, ça va aller.»
Typique de la personne qui souhaite qu’on la rassure. Mettez-vous à ma place 2 secondes en relisant ce dialogue.
- «Je connais quelqu’un qui a eu le Hodgkin comme toi, et maintenant il va très bien, a des enfants, un travail, est complètement guéri»
L’ami(e) pense : «ça va la rassurer de savoir ça, (et puis, au passage, moi aussi ça me rassure)»
Je comprends : «ok, je n’ai pas le droit d’aller mal. Après tout, avoir peur de mourir, de perdre ses cheveux, perdre son travail, supporter le regard des gens, sans compter les nausées, le visage qui change…, pfff, arrête ma chérie, t’as 90 % de guérison».
J’ai envie de répondre : «moi je connais quelqu’un qui en est mort». Ça devrait suffire à calmer.
Ceci dit, même si c’est pénible, c’est une des réactions que je comprends et tolère le mieux.
Imaginez maintenant que vous êtes à une petite soirée où tout le monde est au courant et vous balance ce genre de choses en boucle… mais quelle merveilleuse soirée ! Franchement, on en ressort plus déprimée qu’avant !
Alors… que dire ?
Vous savez la réponse, vous l’avez sûrement déjà lue. Il faut rester normal. Prenez exemple sur les enfants, ils continuent leur vie, vous racontent leur petites histoires, pleurent pour «pas grand chose». Est-ce que je vais me dire «ils exagèrent vraiment, moi j’ai un cancer, alors eux n’ont pas le droit de souffrir ?»
En réalité, vous avez le droit de souffrir, mais pas à cause de notre cancer. À cause de vos collègues qui vous parlent mal, de vos voisins qui font trop de bruit jusqu’à pas d’heure, de votre ex…
Avec l’arrêt de travail, on a plus vraiment de vie sociale, donc si on voit des gens pour qu’ils ne nous parlent que de notre maladie… Offrez-nous plutôt un moment heureux, parlez-nous de votre quotidien.
Conclusion :
À moins que vous ne soyiez le conjoint ou la personne qui vit avec nous au quotidien, il est interdit d’exprimer ses peurs à la personne malade. Elle en a assez à gérer elle-même.
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